I Treni della liguria
Introduction
La ligne de la côte Ligure relie Vintimille à Gênes et à La Spezia en passant par les célèbres « Cinque terre ». Construite à l’origine au plus proche des villes et villages qui jalonnent un rivage au relief accidenté, elle connait aujourd’hui de grandes phases de modernisation. La mise en tunnel de longues sections permet peu à peu la réduction des temps de parcours mais celle-ci se fait au détriment de la desserte des plus petites gares. Le village de Cervo, point photo totémique de la partie occidentale de la ligne avec sa belle église assise sur un promontoire rocheux, n’y a pas échappé. Il n’en reste aujourd’hui qu’une voie verte et quelques belles photos. Pourtant le reste de cette ligne ne manque pas d’attrait et il me semblait évident qu’en dépit de la disparition de Cervo, il fallait retourner sur la « Liguria »… En été 2020, alors que préparer un voyage à l’étranger relevait de l’exploit tant la situation était fluctuante, je me lance pour de bon à l’assaut de cette belle région.
I treni della Liguria
« Le train venait de quitter Gênes, allant vers Marseille et suivant les longues ondulations de la côte rocheuse, glissant comme un serpent de fer entre la mer et la montagne, rampant sur les plages de sable jaune que les petites vagues bordaient d'un filet d'argent, et entrant brusquement dans la gueule noire des tunnels ». Alors qu’il publiait son essai “Idylle”, Guy de Maupassant n’imaginait peut-être pas que ses mots seraient toujours si appropriés aujourd’hui. Ils décrivent à merveille ce que peut ressentir un voyageur regardant la Ligurie défiler à travers les fenêtres de leur train. La côte a conservé son caractère sauvage et indomptable et ses petits villages colorés surmontés par les églises baroques dont les cloches rythment la vie des habitants.
La ligne de la “Liguria” se fraye un passage à l’aide d’une myriade d’ouvrages d’art pour échapper à la topographie difficile qu’elle rencontre. Chaque ville traversée possède sa propre gare. Les “bâtiments voyageurs” à l’architecture soignée témoignent de la grandeur de l’Italie et de ses architectes. On y devine la volonté d’insérer avec délicatesse le tout jeune chemin de fer dans un paysage dont on mesurait déjà la beauté millénaire. L'augmentation régulière de la fréquentation de la ligne amène Trenitalia à employer une grande diversité de matériel rivalisant de couleurs et de formes. Les vaillantes E.464 et leurs rames réversibles laissent désormais un peu de place à du matériel plus capacitaires à l’instar de “Pop” et “Rock”, les plus modernes automotrices des chemins de fer italiens. Les trains s’enchainent sans temps mort à longueur de journée. Ils quittent les tunnels comme les acteurs quittent les coulisses pour jouer la grande scène du service ferroviaire, se parant de la lumière généreuse du soleil méditerranéen avant d’échapper au regard des spectateur en replongeant dans l'obscurité. Ils y attendent une autre scène, un autre acte, jouant sans discontinuer jusqu’à ce qu'une gare, Vintimille, Gêne ou La Spezia, jette sur eux un rideau rouge, terminus d’une représentation quotidienne...
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