HIVER BIELORUSSE
Introduction :
En novembre 2018, après 6 mois d’intense formation, on me demande de prendre des congés. Mais où partir début décembre ? Je pense d’abord à Wolsztyn, en Pologne, et me prépare à m’y rendre. A moins de deux semaines du départ, je m’aperçois que les “vapeur” que je recherchais n’y circuleront pas. C’est la douche froide !
Je me retrouve le soir même devant une carte d’Europe... A quel moment mes yeux sont-ils arrivés jusqu’à “Biélorussie” ? Je n’en sais rien… J’ai tout de suite imaginé un programme alléchant. J’avais l’assurance d’y trouver de la neige, du matériel ferroviaire sympa et la certitude d’être dépaysé. En regardant sur le site du ministère des affaires étrangères, j’apprends que les VISA ne sont même plus obligatoires depuis quelques mois. Les billets d’avion commandés, il ne reste plus qu’à en parler : “Oui, tu sais, dans deux semaines, je devais aller en Pologne ?... Oui, eh bien j’ai changé, je vais en Biélorussie !”
Hiver biélorusse
Une expression biélorusse dit "Ce n'est pas le champ qui nourrit, c'est la culture". Et pourtant, à propos de Biélorussie, de quelle inculture souffrons-nous ! Le peintre Marc Chagall écrit “Je suis un petit Juif de Vitebsk. Tout ce que je peins, tout ce que je fais, tout ce que je suis, c'est juste le petit juif de Vitebsk”. Mais qui sait situer cette ville sur la carte du pays, ou même sur celle de l’Europe ? Ce petit état malmené par les guerres et enserré entre la Russie et l’UE est plus connu aujourd’hui pour son régime dictatorial que pour ses forêts primaires ou son château de Mir. Cela ne rend pas justice à ce territoire où une jeune génération se lève aujourd’hui. Différente des précédentes, elle parle anglais, rêve d’une vraie démocratie et se rend dans les fast-foods américains qui ont trouvé place sous les vieux bas-reliefs à la gloire du soviétisme. C’est elle qui insufflera un changement social et politique qui tarde à venir tant la situation est difficile. Les souvenirs d’une Union Soviétique forte et rayonnante restent présents à travers de nombreux monuments et hante une population qui, après avoir élu celui qui leur garantissaient la sécurité en 1991, a bien du mal aujourd’hui à faire valoir ses envies de liberté.
Dans cet état à la transformation difficile, le chemin de fer reste estampillé « CCCP ». La “tarification kilométrique” des trains régionaux les rendent modiques. Les trains de grande ligne roulent de jour comme de nuit, parfois sur de très grandes distances. Le matériel “soviétique” omniprésent laisse parfois sa place à de nouvelles automotrices. Ces dernières témoignent de la vivacité de cette industrie vitale pour l’économie nationale. Le fret n’est pas en reste et les grandes transversales écoulent un trafic loin d’être dérisoire. Emprunter un train régional mal chauffé en plein hiver permet de mieux découvrir la Biélorussie. Tenter la conversation avec les voyageurs dans les salles d’attentes, un contrôleurs ou un passant aide à découvrir ce peuple attachant. Après deux semaines entre Minsk, Vitebsk et Gomiel, on se dit que cet état si fermé, aux gens pourtant si ouverts, a tant de choses à offrir… Si on lui donne sa chance de sortir cette noirceur que seul le blanc de la neige vient rehausser. Pour qu’enfin finisse l’hiver dans lequel roulent, anonymes, les trains du quotidien rythmant la vie de ce drôle de pays...
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