Un printemps chez les Densha Otaku
Introduction :
Le Japon ne laisse pas les passionnés de trains indifférents. Même le plus sectaire des amateurs français ne jurant que par la livrée “Arzens” sait identifier un “Shinkansen”. La qualité et la ponctualité du service ferroviaire nippon font sa réputation depuis près d’un siècle. Le Japon motive peu de photographes européens : il serait trop “typé”, trop insulaire, trop “métrique”, trop loin de chez nous... Pour d’autres, plus aventureux et ouverts, le Japon fait rêver avec un réseau et un matériel exotiques en plus d’une réputation que l’on souhaite éprouver ! Je m'y suis rendu au printemps 2018, une période où la nature sort de l’hiver et où les célèbres cerisiers “sakura” fleurissent...
Un printemps chez les Densha Otaku :
En bon pays insulaire, le Japon a connu un développement autonome à peine influencé par la culture des autres pays avec lesquels il commerce. Pourtant, lorsqu’un nouveau gouvernement cherche à le moderniser au milieu du XIXème siècle, l’idée d’un vaste réseau ferré s'impose rapidement. Les anglais, alliés, lobbyistes et inventeurs du chemin de fer, proposent leur aide dans l’établissement des premiers kilomètres d’une ligne à l’écartement de 1067mm. Cette construction est une réussite qui incite les japonais à poursuivre leur programme. Soucieux de leur indépendance technique, ils s'émancipent rapidement en construisant eux même l’infrastructure et les trains correspondant à leurs besoins. En dépit des guerres et des catastrophes, ces insulaires ont développé ce qui est aujourd’hui considéré comme le réseau ferré le plus performant de la planète.
Voyager en train au Japon, c’est partir à la découverte d’une société dont nous parlons avec un mélange d’étonnement et d’admiration. Du cœur de Tokyo au plus profond des campagnes, il serpente, se faufile à travers les immeubles, la moyenne montagne ou longeant les côtes ou les cerisiers en fleurs. Prendre le train, c’est être impressionné par l’arrivée à quai majestueuse des Shinkansen. C’est profiter du voyage aux côtés d’un conducteur en gants blancs et à l’uniforme impeccable dans les rames régionales. C’est aussi patienter en prenant sa place dans une file d’attente parfaitement longiligne et ordonnée. C’est encore patienter sur un pont enjambant la voie et regarder passer les myriades de rames aux livrées étonnantes, colorées et explosives. S’il faut passer à 300km/h au pied du mont Fuji pour ressentir la puissance de l’appareil économique Japonais, il faut également descendre à la petite halte de Koyamatsu et son petit temple shinto pour apprécier la délicatesse de sa culture. Il n'est alors pas surprenant que les chemins de fer soient une fierté pour les japonais et qu’ils se pressent les dimanches ensoleillés pour les photographier. On nomme “Densha Otaku” ces passionnés d’un après-midi ou d’une vie.